Il y a les nationalistes chevronnés et les touristes pragmatiques. Ceux qui saluent l'avènement de l'euro, ceux qui n'y croient pas. Les éditorialistes et les chroniqueurs américains ont livré ces derniers jours une palette d'impressions disparates et souvent contradictoires.
Au premier rang des europhiles, le New York Times a salué, le 1er janvier, la nouvelle devise européenne: «L'E-Day, comme l'appellent les planificateurs, représente plus qu'un défi logistique à couper le souffle et un tournant financier pour l'Europe. C'est aussi un jour porteur d'une grande signification politique. Avec les euros, le processus d'intégration européenne dont un homme d'Etat français visionnaire nommé Jean Monnet s'était fait le champion voici un demi-siècle acquiert son symbole le plus fort et le plus tangible.»
Abstrait. George F. Will, chroniqueur au Washington Post, signe au contraire dans l'édition de dimanche un article saignant intitulé «un super Etat de platitude». Il commence par s'en prendre aux nouvelles coupures. «Voir les billets de banque de la nouvelle monnaie commune européenne, c'est voir l'avenir de l'Europe. Ils ne sont pas jolis. Leur motif est délibérément, en fait idéologiquement, abstrait. Finies les devises colorées et commémoratives des douze nations participant à l'Union européenne avec leurs images de héros nationaux, d'hommes d'Etat, de culture et d'art qui représentent l'histoire.» L'euro, ainsi, serait voué à l'échec et les Etats-Unis ne sauraient constitue