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Libération
Éditorial

Inévitable

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publié le 5 janvier 2002 à 21h35

Ce ne sont encore que quelques nuages dans un ciel clair mais la louange europhile n'est plus sans mélange. Métamorphosés en euros, bien des prix ont subi une hausse qui n'inquiète pas trop les économètres comme porteuse d'inflation mais en revanche irrite les consommateurs. La double circulation simultanée des anciennes devises et de l'euro se heurte ici ou là à des goulets d'étranglement, l'euro étant en ce cas victime de son succès. Météorologue averti, Laurent Fabius s'est empressé de détourner la mauvaise humeur sur les banques qui, quoique habituées à servir d'exutoire à nombre de ressentiments, refusent ce rôle ingrat de boucs émissaires.

Imagine-t-on une comédie humaine où les questions d'argent ne jettent pas quelque zizanie? L'argent n'a pas la réputation de sentir la rose, et il n'y a aucune raison pour que l'euro fasse exception. Si on en croit les mythes psychanalytiques, l'argent est lié à de lourds affects que le grand remue-ménage monétaire ne peut que raviver. Un minimum d'aigreurs et de bouderies était inévitablement inscrit au programme de la monnaie unique.

En outre, la basse inflation de ces dernières années, exercice vertueux exigé par les concepteurs de l'euro, n'a pas été acquise sans que s'accumulent divers ressentiments. Pour le commerce, la concurrence est un gendarme provisoirement hors course ­ il est difficile de comparer des prix pas encore mémorisés et étalonnés. Dans la grande distribution, certains pensent que le moment est psychologiquement p