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Libération
Éditorial

Mal entamé

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publié le 11 janvier 2002 à 21h39

A l'échelle d'un septennat, cent jours, c'est suffisamment peu pour qu'on y voie le temps juste nécessaire pour qu'une campagne «digne et intense» s'engage entre tous ceux qui aspirent à devenir président de la République. Mais c'est déjà bien long pour les deux superfavoris de la compétition qui partagent un intérêt commun pour une campagne ramassée sur quelques semaines seulement. Jacques Chirac veut rester le plus longtemps possible protégé par son statut présidentiel et Lionel Jospin, instruit par l'expérience malheureuse de ses prédécesseurs, entend se retrouver Premier ministre et candidat certain le moins longtemps qui soit, sachant que ce sera le temps de sa vulnérabilité maximale.

Mais assurément ce n'est pas un avantage pour le débat démocratique, car si la campagne n'est pas véritablement lancée, il n'est pas beaucoup d'actes gouvernementaux ou d'interventions présidentielles qui ne dissimulent un calcul tactique. Mais au lieu d'afficher des choix et des perspectives au grand jour, on cherche davantage à temporiser pour ne pas donner prise à l'adversaire. Et c'est ainsi qu'en plusieurs domaines où des questions essentielles étaient posées en termes de principes et de choix de société, on a surtout cherché à parer au plus pressé en saupoudrant des rallonges budgétaires (redéployées bien sûr) ou en réécrivant à la hâte des lois contestées. Ce fut le cas sur les questions de sécurité publique, en matière de droits des citoyens face à la police et à la justice, dans le