Pascal Perrineau, directeur du Centre d'étude de la vie politique française (Cevipof), redoute une abstention record pour une élection présidentielle.
La clef du scrutin résidera-t-elle dans l'abstention ?
La différence de mobilisation entre chaque camp joue un rôle essentiel : aux municipales de 2001, c'est parce que la droite s'est mieux mobilisée que prévu qu'elle a obtenu un bon résultat. C'est un élément déterminant lorsque le rapport de forces droite-gauche s'annonce très serré. On peut craindre que l'abstention batte cette année le record d'une présidentielle (21,8 % des inscrits en 1969).
Pourquoi ?
C'est un phénomène de longue durée. Depuis quinze ans, chaque type de scrutin a connu son record d'abstention. Nous sommes entrés dans un cycle long d'apathie civique au sein duquel l'acte électoral n'est plus qu'une modalité parmi d'autres du rapport des citoyens avec la politique. Jusqu'à présent, la présidentielle semblait y échapper. Cette fois, elle ne suscite aucun désir. L'opinion a l'impression que se rejoue le même scénario qu'en 1995, avec les mêmes personnages. La scène politique française souffre d'un incroyable déficit de renouvellement. Jacques Chirac, Arlette Laguiller ou Jean-Marie Le Pen jouissent d'une longévité politique unique en Europe... Enfin, il existe un risque plus conjoncturel : le premier tour se déroulera le 21 avril... en pleines vacances scolaires !
Comment réveiller les électeurs ?
Il faut distinguer un abstentionnisme incompressible, nourri par