Menin (Belgique), envoyée spéciale.

«Dank U!» Marc remercie en flamand son compatriote, compte rapidement les francs belges. Puis c'est en français qu'il annonce le montant de l'addition à un couple lillois, en euros. Le patron du restaurant Au Château a l'habitude de jongler entre les monnaies et les langues. Menin, en Flandre belge, est coincé entre deux communes françaises, Roncq et Halluin. Pour l'instant, l'euro n'est qu'une monnaie de plus. A Menin, toutes les vitrines ont un triple affichage: francs belges, francs français et euros. Mais, dès le mois de février, la monnaie unique facilitera les achats: pas de change et comparaison immédiate des prix.

Compte en France. Chaque week-end, les habitants de la métropole lilloise envahissent la grande rue de Menin. Les achats de bière, de chocolats et de fleurs, bien moins chers de ce côté-là de la frontière, sont les plus prisés. Tous les commerçants acceptent depuis belle lurette les francs français et disposent d'un compte en France, pour éviter les opérations de change.

Là, Marc ronchonne un peu. Il accepte les francs belges, les francs français (billets uniquement) et les euros jusqu'en février. Mais il a commis l'imprudence d'accepter un chèque français de 100 euros. Naïvement, il l'a déposé sur son compte belge: sa banque a prélevé une commission de 15 euros. «Ils m'ont dit que c'était de la monnaie étrangère. Et mon client m'a appelé pour me signaler que sa banque l'avait lui aussi taxé, de 13,72 euros. Alors, je garde