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Libération
Éditorial

Avertissement

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publié le 14 janvier 2002 à 21h40

«Luan», le chaos qui menace de désintégrer l'empire, a été la hantise des dirigeants de la Chine à toutes les époques. La jacquerie des victimes du sida, dont notre correspondant a été le témoin, n'ébranle certes pas le pouvoir de Pékin. Mais elle a valeur d'avertissement. Ces paysans condamnés à mort l'ont été par cela même qui a permis la décennie triomphale durant laquelle la Chine s'est véritablement réveillée et a engagé sa mutation en superpuissance. Sous le vernis rouge de la dictature communiste, il est glorieux de s'y enrichir. La liberté d'entreprendre, de consommer, de se distraire, de se déplacer, bref de vivre, n'a jamais été aussi grande. Mais celle de critiquer les autorités reste étroitement limitée. Une vraie révolution économique et sociale est en train de changer le visage séculaire de la nation la plus populeuse de la planète. Comme en Europe il y a cent cinquante ans, cette révolution s'accompagne d'inégalités criantes et grandissantes, de drames sociaux et humains cruels aggravés par l'incompétence des responsables, d'une corruption effrénée et d'une criminalité auxquelles l'absence de toute vie démocratique, et de véritable liberté de l'information, assure impunité. Ces fléaux peuvent provoquer des révoltes dangereuses sinon des révolutions.

Ce n'est pas pure coïncidence que la Chine se reconnaisse malade du sida au moment où elle est admise à l'Organisation mondiale du commerce et se voit attribuer les JO de 2008. Le défi chinois est d'entrer dans le m