Pékin de notre correspondant
Jusqu'à une date récente, le mot «sida» était quasiment tabou en Chine populaire. Les statistiques officielles ne faisaient état que de 25 000 personnes contaminées dans ce pays de 1,3 milliard d'habitants, alors que la réalité serait bien supérieure à deux millions. Le sida n'apparaissait que dans les pages «étranger» de la presse officielle, à propos de la lointaine Afrique ou des conférences internationales.
Tout a basculé en août, lorsque le gouvernement a reconnu que la Chine était elle aussi menacée par la pandémie et a annoncé un «plan d'action». Depuis, les médias chinois, jusque-là très discrets, parlent enfin du sida et une conférence nationale a été organisée en novembre à Pékin pour mobiliser le secteur médical. Lors de ce forum, le responsable du programme Onu-Sida, Peter Piot, a souligné que 10 millions de vies pouvaient être sauvées si la Chine faisait ce qu'il fallait pour bloquer la progression de la maladie, qui menace de prendre, dans cet immense pays, des proportions catastrophiques.
Apparences rigoristes. Mais il y a loin des proclamations aux actes, car le virus est un défi à plusieurs facettes pour le pouvoir communiste chinois. La principale réticence à admettre l'existence de la maladie en Chine était l'hésitation à reconnaître que la société chinoise s'est à ce point ouverte et banalisée qu'elle a, en son sein, des gens qui ont des relations sexuelles «libres», des homosexuels, des drogués... Pour le Parti communiste, il fa