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Libération

Une décision qui fleure la campagne

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La complicité des sages avec Chirac ne fait pas mystère.
publié le 14 janvier 2002 à 21h40

Un pur hasard. Samedi après-midi, Jacques Chirac exaltait, depuis ses terres corréziennes, une «France qui aille jusqu'au bout des choix qu'implique une économie ouverte» (lire page 14). Quelques heures plus tard, le Conseil constitutionnel se faisait, à son tour, le chantre du libéralisme en censurant la loi de modernisation sociale. Un pur hasard qui a tendance à se répéter. Le 19 décembre, devant le Conseil économique et social, le chef de l'Etat avertissait qu'il allait falloir «s'attaquer aux obstacles qui freinent notre dynamisme». Toujours fort à propos, les sages censuraient illico le financement des 35 heures par la Sécu. Ces concomitances démontrent, s'il en était encore besoin, que le Conseil constitutionnel est en campagne. Jacques Chirac a bien raison de prendre tout son temps pour y entrer. Car le terrain devrait encore lui être préparé cette semaine. La haute juridiction s'apprête à dire tout le mal qu'elle pense du projet de loi sur la Corse. Et le Président n'a eu de cesse d'attirer l'attention du gouvernement sur l'inconstitutionnalité du texte.

Cette convergence entre le chef d'Etat et le Conseil constitutionnel n'est pas récente. Elle remonte au 22 janvier 1999. La haute juridiction, présidée à l'époque par l'ancien ministre socialiste Roland Dumas, avait estimé que le chef de l'Etat ne pouvait être jugé que par la Haute Cour de justice, un tribunal spécial composé essentiellement de parlementaires. D'aucuns avaient alors considéré que Dumas avait acheté s