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Libération

Annulation. Quand le fond est accablant

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Ultime stratégie des avocats: annuler la procédure.
publié le 15 janvier 2002 à 21h41

«Ce juge qui sue la haine avant d'ouvrir la bouche.» A sa sortie de prison, il y a un an, Jean-Christophe Mitterrand lançait cette violente diatribe contre le juge Courroye. Relayée par sa mère, Danielle, comparant la caution de son fils à une «rançon», puis par l'ensemble du clan Mitterrand, cette campagne a symbolisé une certaine désacralisation des juges d'instruction.

L'attaque ad hominem montrait qu'au-delà de la fonction, l'homme était visé. Depuis des mois, cette stratégie médiatique se double d'un déferlement d'offensives procédurales: requête pour partialité (Michel Roussin contre le juge Brisset-Foucault dans l'affaire des marchés publics d'Ile-de-France), plaintes pour «faux» (Jean-Christophe Mitterrand et Charles Pasqua contre Philippe Courroye), demande d'enquête auprès du Conseil supérieur de la magistrature (l'ordre des avocats de Paris contre Eva Joly, après des perquisitions menées chez Me Eric Turcon), et même récusation d'un magistrat du siège en plein procès (Sophie Portier lors du procès Gifco sur le financement du PCF), il ne se passe pas un mois sans qu'une affaire ne soit marquée par une violente polémique. Si le succès n'est pas toujours au rendez-vous ­ les plaintes pour «faux» contre Courroye viennent d'être déclarées irrecevables ­, ces manoeuvres ont au moins un effet dilatoire, et entretiennent une pression permanente sur les juges, parfois avec la complicité de la presse, plus intéressée que par le passé aux finesses de la procédure, et parfois