Daniel Bouton n'aurait pas pu rêver meilleur accueil à sa sortie de garde à vue lundi soir. Les milieux politiques et financiers ont été unanimes à condamner la mise en examen du président de la Société générale pour «blanchiment aggravé» dans une enquête liée aux escroqueries du Sentier (lire page 4). Cette affaire, dont le jugement sera rendu le 28 janvier, impliquait une centaine de commerçants du textile, accusés d'avoir escroqué les banques via des montages financiers très complexes. Alors qu'il risque cinq ans de prison, Daniel Bouton a même eu droit à un concert de louanges de la part d'hommes qui ont l'habitude de ferrailler avec lui: que ce soit Laurent Fabius, le ministre de l'Economie, ou Michel Pébereau, le patron de BNP-Paribas.
Gros poisson. La juge d'instruction Isabelle Prévost-Desprez, en charge du dossier, s'est en effet attaquée à un gros poisson. Elle a mis en examen le président de la troisième banque française, mais aussi le directeur général délégué, Philippe Citerne, le directeur général adjoint, Didier Alix, et six hauts responsables de l'établissement. Or, pour l'ensemble de l'establishment, le délit reproché à Daniel Bouton ne mérite pas autant d'indignité. «Pourquoi n'avoir pas mis en examen la banque en tant que personne morale?», s'indignait hier un banquier, sous couvert d'anonymat. Mais c'est surtout la peur qui règne dans les milieux financiers. Chacun se demandant si son tour ne va pas venir après celui de Daniel Bouton.
En fait, le reproche a