Le jugement de l'affaire du Sentier (un quartier du centre de Paris) sera rendu le 28 janvier. Si l'accusation d'escroquerie en bande organisée est retenue, les 120 prévenus, commerçants dans le textile, devront rembourser solidairement 280 millions de francs aux banques. Ces dernières sont réputées victimes, les cerveaux du circuit de «cavalerie» (un invraisemblable écheveau de 2 700 fausses traites, correspondant à autant de livraisons plus ou moins bidons de marchandises) ayant eux-mêmes baptisé l'opération «Planter les banques», en toute simplicité, et même planifié son explosion finale en préparant leur fuite en Israël. De fait, c'est un pool constitué des principales banques françaises qui avait dénoncé les faits au parquet de Paris, en juin 1997. Mais sans porter plainte ouvertement, comme si elles avaient quelques scrupules.
Juteuses commissions. Aucune banque n'a vocation à cumuler les impayés. Concurrence aidant, elles ont toutefois tendance à financer n'importe quelle transaction (traite, escompte, virement...), source de juteuses commissions. Les policiers de la Brif (brigade de recherches et d'investigations financières), chargés de l'enquête sur le Sentier, ont très vite eu une première surprise: après la fuite des principaux cerveaux, et alors même que le Sentier bruissait de rumeurs sur l'enquête en cours, un nouveau circuit de cavalerie se mettait en place comme si de rien n'était, sans que les banques y voient malice. Est-il possible d'être aveugle à ce poin