Faut-il pleurer sur les banquiers, qui ne font pas un métier facile? Les mesures prises pour lutter contre le blanchiment se sont multipliées ces dernières années. La loi de mai 1996 le définit comme «le fait de faciliter, par tout moyen, la justification mensongère de l'origine des biens ou des revenus de l'auteur des crimes ou d'un délit». Autrefois réservé au recyclage des narcodollars, le blanchiment devient un délit attrape-tout. Si on ajoute la loi de 1990, qui impose aux banques de faire preuve de vigilance dans leur gestion quotidienne et leur ordonne d'effectuer «une déclaration de soupçon» dans le cas où des sommes déposées sembleraient provenir d'un trafic, on comprend que les banquiers, par qui transitent mécaniquement toutes sortes de capitaux, se retrouvent dans l'angoisse permanente de la garde à vue...
Lobbying. Pour éviter d'en arriver là, les établissements financiers ont mené, en toute discrétion, une campagne de lobbying pour réformer la législation française, pourtant adoptée parallèlement dans l'ensemble des pays occidentaux. En 2000, des négociations se sont déroulées avec les ministères de la Justice et de l'Economie mais aussi le procureur de Paris. Des groupes de travail ont été mis en place avec les autorités. «Ces travaux n'ont abouti à aucune clarification de nos obligations», reconnaît la Société générale. Les banques ont également actionné leurs lobbies à l'occasion de l'examen parlementaire du texte sur les nouvelles régulations économiques (NR