Le problème n'est pas, comme l'affirme Laurent Fabius, de savoir si Daniel Bouton est un «honnête homme», mais de savoir si le système bancaire français obéit à une déontologie qu'on en est droit d'attendre de n'importe quelle institution en ce début de XXIe siècle. Personne ne pense que le PDG de la Société générale soit capable de voler ne serait-ce qu'un caramel chez sa boulangère. Mais l'entreprise qu'il dirige a été le lieu de transit d'un blanchiment d'argent sale sans qu'elle se soit posé beaucoup de questions.
Comme le travail de Daniel Bouton n'est pas de trier les chèques, la juge d'instruction vise, à travers sa personne, l'institution qu'il dirige. La forte solidarité témoignée à Daniel Bouton par ses confrères (et concurrents) montre même que le problème, au-delà de son établissement, concerne l'ensemble de la profession. En réclamant de leur autorité de tutelle une «clarification des règles du jeu», les banquiers semblent admettre qu'ils travaillent dans un flou qu'ils n'avaient pas cherché jusqu'ici à dissiper.
En cela, ils ont pris du retard sur l'évolution des moeurs, la traque au blanchiment étant devenue un enjeu international majeur. Les banques ne peuvent risquer leur réputation en jouant sur la zone grise qui peut découler de l'imprécision des règlements, voire, dans les faits en cause, du laxisme archaïque de la législation israélienne. Il n'y a jamais eu autant d'argent sale dans les circuits financiers. De là l'urgence reconnue à sa contention.
Le terme