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Libération
Éditorial

Distorsion

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publié le 17 janvier 2002 à 21h42

On conviendra que le jeunisme n'est ni un humanisme ni une fin en soi. Et que dans un monde où la mode est de courir après l'éternelle jeunesse, il est bon que la présidentielle ne se laisse imposer aucun canon de beauté. Mais à l'inverse, on peut être fondé à s'inquiéter d'une certaine tonalité anti-jeunes qui prévaut en ce début de campagne. Car la tournure prise par le débat sur l'insécurité, le seul sur la place, est bien celle-là. Classes boutonneuses, classes dangereuses? Comme si la délinquance se résumait à cela, ce que dément la récente sortie du juge Halphen. Le «troisième homme» Chevènement ne parle plus de «sauvageons» depuis qu'il est occupé à ratisser large. Mais le fait que son électorat potentiel est le plus âgé de France n'est peut-être pas sans liens avec ses propos anciens. Il y a sept ans, et à la surprise générale, le candidat Chirac emportait les suffrages des jeunes. Avec sa «fracture sociale», il était celui qui avait su le mieux répondre aux 18-25 ans qui voulaient un job. Au final, c'est Jospin qui a fait les emplois-jeunes. Désormais, les deux hommes sont à peu près à égalité dans cette classe d'âge. Et sans doute, celui qui saura le mieux leur parler l'emportera-t-il, le 5 mai. On mesure l'enjeu. La gauche n'est assurée de rien qui, quand elle n'en rajoute pas sur la délinquance des mineurs, court encore derrière la droite pour légiférer sur les raves parties... Osera-t-elle, enfin, se distinguer? Le dossier du cannabis devrait lui en fournir l'oc