Le pétard fait de moins en moins peur aux Français. Mais face à la dépénalisation du cannabis, Lionel Jospin reste «coincé», «mal à l'aise», «crispé comme sur les sans-papiers ou le Pacs». Voilà comment ceux qui, au gouvernement ou au parti socialiste, traitent de cette question, décrivent l'attitude du Premier ministre et de son entourage. «Il y a une certaine surdité de Matignon sur ces questions de société. Comme on a pu le vérifier lors de l'amendement anti-rave, explique un acteur du dossier. On a une classe politique de notables, vieille dans sa tête, qui ne comprend pas un certain nombre d'évolutions.»
Paradoxe. D'où l'inquiétude, au Parti socialiste, que le «candidat probable» écarte de son programme la refonte nécessaire de la loi de 1970 sur les stupéfiants qui chaque année envoie encore en prison 400 petits usagers. Lors du dernier bureau politique, François Hollande a retoqué la proposition de dépénalisation, pourtant assez timide, défendue par Martine Aubry et Adeline Hazan, secrétaire nationale chargée de ces questions. «Hollande pense que Jospin est contre et que cela ne serait pas habile, compte tenu du débat sur la sécurité. Nous comptons sur les fédérations plus progressistes pour les faire bouger», confirme-t-on au PS.
En ce qui concerne Jospin, cet immobilisme ne concerne que l'affichage. Et relève du paradoxe. «Il a un bon bilan et il ne le revendique même pas!», s'étonne un professionnel de la toxicomanie. Depuis son arrivée à Matignon, il ne s'est jamais