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Libération
Éditorial

Blues existentiel

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publié le 24 janvier 2002 à 21h47

La grève des médecins s'est déroulée sans anicroche, les contre-feux ayant fonctionné correctement. Seul mince incident: le syndicat en pointe Unof s'est fait fermer la porte de Matignon, où il avait feint de frapper, sachant très bien que Lionel Jospin ne pourrait pas les recevoir sans désavouer les négociations en cours entre la Cnam et l'autre syndicat de médecins. Et surtout, le mouvement a pris, de la part des dirigeants grévistes, une tournure toujours plus clairement politique. La menace d'organiser une immense manifestation médecins-clients (résurrection du «peuple de droite»?), en mars et en pleine campagne électorale, en est une sorte d'aveu.

Quelle que soit l'instrumentalisation dont il peut être l'objet, le malaise des professions médicales, spécialement celui des généralistes libéraux, restera comme la grande nouveauté de cet hiver 2002. Au-delà de la question de la rémunération ­ qui a pris du retard sur la hausse des prix, mais qui n'empêche pas la profession de jouir de revenus confortables ­, on découvre une sorte de blues existentiel que traduit l'expression «besoin de reconnaissance». On ne peut pourtant parler d'une profession en voie de paupérisation (les statistiques en témoignent), mais plutôt d'une vocation en chemin de banalisation. Mais ces cadres sup' de la production de santé doivent en outre se coltiner l'ingratitude toute célinienne de patients fort peu patients.

La «reconnaissance» qu'ils réclament du gouvernement, c'est en fait la société tout e