Depuis cinq ans, le débat nucléaire en France a été plutôt esquivé qu'approfondi malgré la présence au gouvernement des Verts. Le sacrifice de Superphénix n'en a guère été un puisque ce mastodonte industriel est surtout tombé victime de ses propres insuffisances. Quant au «moratoire» sur la construction de nouvelles centrales, il était plutôt hypocrite : le programme français était arrivé à son palier de maturité.
Mais cet heureux accommodement des principes et des réalités ne peut se perpétuer longtemps. En matière nucléaire, il faudra choisir, par un oui ou un non et non pas par un ni-ni. Or, les socialistes pronucléaires ne se donnent pas pour battus d'avance. C'est le sens qu'il faut attribuer à la décision du ministre de l'Industrie d'inclure la mise en chantier d'un réacteur prototype de nouvelle génération dans son projet de programmation pluriannuelle. Une proposition difficile à avaler pour les Verts.
L'industrie nucléaire, donnée pour moribonde il y a peu encore, semble trouver, hors d'Europe, un regain d'intérêt. Les contraintes mises sur les émissions de gaz à effet de serre et les incertitudes concernant le marché des hydrocarbures à l'échelle du quart de siècle en sont les arguments plus ou moins francs du collier. Le militantisme antinucléaire s'est effacé du paysage à proportion du peu d'activité de l'industrie qu'il combat. Il est possible que cette période touche à sa fin et que la bataille d'opinion reprenne.
Entre alliés socialistes et écologistes, elle cons