Chaque catastrophe particulière contient une leçon universelle et la rapidité avec laquelle celle-ci est mise en pratique ne cesse de croître. A la vache folle répond l'agence de sécurité alimentaire, au naufrage de l'Erika un durcissement de la législation européenne sur le trafic maritime, à l'explosion d'AZF Toulouse un projet de surveillance de toutes les usines classées Seveso. Le risque, dont on tend à rechercher les responsables même s'il s'agit de catastrophes dites naturelles, est perçu comme une chose scandaleuse, indue, par-delà même les dégâts qu'il implique. La «société du risque» est simultanément une société de l'aversion pour le danger.
Certains semblent souhaiter le déménagement des usines dangereuses «à la campagne». Mais cette solution, à la fois impratique et sournoise (pourquoi gâcher ce qui a réussi à échapper au laminage urbain?) n'est pas sans rappeler le souhait de tel grand patron de diriger une «entreprise sans usine». Cette tentation d'un monde transparent et sécurisé par l'éloignement des risques, humains ou techniques, trouve déjà un début d'application: quand des pays «en voie de développement» récupèrent les profits trop faibles et les dangers trop grands dont ne veulent plus les pays riches. Le choix opposé de lutter contre les risques techniques dès leur source est autrement raisonnable que leur déménagement.
En proposant de s'inspirer des procédures en place dans l'industrie nucléaire, les rapporteurs procèdent aussi à un changement de regist