C'est dit sans frémir de la moustache: «Je ne sais pas encore dans quelle prison je vais aller, mais je suis prêt.» Hier, 14 heures, devant le palais de justice de Millau (Aveyron) qui l'a condamné en juin 2000 pour le démontage du McDonald's un an auparavant. José Bové vient d'apprendre le rejet de son pourvoi par la Cour de cassation, qui le renvoie de fait pour deux mois et demi derrière les barreaux. L'homme du Larzac et de Porto Alegre ne bronche pas. Mais il explique en ruminant que «cette justice à deux vitesses est laxiste avec ceux qui s'engluent dans les scandales politico-financiers et sanctionne ceux qui agissent dans le mouvement social».
«Injustices». Peu avant midi, sur la nationale 9, qui descend du plateau du Larzac vers Millau, le porte-parole de la Confédération paysanne se doutait déjà du sort judiciaire qui lui serait fait: «Les noms de 132 importateurs de farine animale anglaise que nous avons dévoilés en 1996 sont depuis sur le bureau du juge Pétillon à Nantes, confie-t-il à Libération, au téléphone. Ce dossier n'a jamais bougé malgré nos interventions auprès du ministère de l'Agriculture et à la chancellerie.» Selon lui, les importateurs ont pourtant contribué à ruiner «des dizaines de milliers d'exploitations agricoles bovines du fait de la vache folle, et ils sont en liberté...» Lui retournera en prison après dix-neuf premiers jours de préventive effectués en 1999, pour avoir, dit-il, protesté contre les taxations américaines sur le fromage de Roquef