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Libération
Éditorial

Mélange

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publié le 7 février 2002 à 22h03

La décision de la Cour de cassation était plus que prévisible, puisque, de l'aveu même de Bové, celui-ci n'avait pas engagé son recours sur la base de motifs juridiques formels ­ or ce sont les seuls que cette instance doive prendre en considération. Néanmoins, l'habitude toujours plus répandue de traiter la Cour de cassation comme une sorte de superjuridiction d'appel explique l'émoi suscité par ce jugement.

En plus, cette condamnation à de la prison ferme contraste fortement avec l'indulgence dont bénéficient généralement les dérapages d'actions militantes, en particulier ceux imputables au syndicalisme paysan. Les dégâts causés à un chantier de restauration rapide par Bové et ses copains paraissent anodins si on les compare aux destructions autrement coûteuses dont se sont rendus coupables au fil des ans les syndicalistes agricoles majoritaires. Il est vrai que les dirigeants de ces derniers, à la différence de Bové, n'assumaient pas personnellement les actes illégaux commis en appui de leurs revendications. Leur impunité tenait à leur hypocrisie.

Bové, lui, mélange deux traditions activistes, l'illégalisme agricole et la bataille d'opinion médiatique. Il revendique en quelque sorte son bon droit d'enfreindre le droit. De là l'embarras non tant de l'appareil judiciaire que du monde politique. L'incarcérer, c'est emprisonner des idées, chose redoutable. Le laisser impuni, c'est admettre que l'Etat de droit ne sait pas se défendre de quelqu'un qui le met explicitement en caus