Belgrade de notre correspondante
C'est avec un profond malaise que le pouvoir à Belgrade voit s'ouvrir le procès de Slobodan Milosevic. Car la plupart des actuels dirigeants serbes ont autrefois soutenu, à un moment ou à un autre, la politique d'un régime tenu pour responsable des atrocités qui, de la Croatie au Kosovo en passant par la Bosnie, ont coûté la vie à des dizaines de milliers de civils entre 1991 et 1999. «Ces accusations ne concernent pas seulement Milosevic et deux ou trois autres. On ne peut imaginer qu'un seul homme ait commis un génocide. Ces choses sont le fait d'une certaine politique de l'Etat et de décisions arrêtées par cet Etat. Si génocide il y a eu, il s'agit donc d'établir sa part de responsabilité individuelle et la part de responsabilité de la Serbie», a affirmé le président du Parlement de Yougoslavie (Serbie et Monténégro), Dragoljub Micunovic, ancien professeur de sociologie à l'université de Belgrade, un des dirigeants du DOS, la coalition réformiste au pouvoir. Ses propos ont inspiré à la presse des titres-slogans dignes de l'ère Milosevic «La Serbie doit être défendue à La Haye», «L'Etat défend Milosevic» et alarmé une opinion déjà très réceptive à la virulente campagne anti-TPI menée par les médias locaux.
«Le Tribunal de La Haye est en train d'écrire l'histoire officielle de la Yougoslavie des dix dernières années en faisant porter aux Serbes toute la responsabilité», s'est inquiété Predrag Simic, un des conseillers du président yougosla