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Libération
Éditorial

Obsession

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publié le 12 février 2002 à 22h12

Chirac, à l'évidence, ne maîtrisait plus son calendrier de campagne: la course de lenteur qu'il avait engagée avec Jospin tournait à son désavantage. Ses partisans naviguaient dans le brouillard et, habitués à obéir plutôt qu'à inventer, ils se laissaient gagner par le doute. En s'avouant candidat, Chirac se tire d'une mauvaise posture.

Sur le plateau de TF1, chaîne qui milite ouvertement pour lui, Chirac a présenté aux Français sa quatrième candidature au poste de Président. Il a paru déterminé, mais aussi nerveux (traîtres mollets pris de tremblote). Après avoir déminé quelques dossiers encombrants (les «affaires», la dissolution ratée, la minceur de son bilan) en renvoyant toutes ses casseroles au passé, Chirac a esquissé un programme passablement confus. On y retrouve le fameux grand écart entre conservatisme et fracture sociale de sa précédente campagne quoique avec des angles rabotés. L'accent mis cette fois-ci sur les besoins et les intérêts des entrepreneurs mais aussi sur l'«autorité de l'Etat», c'est-à-dire en réalité sur le sentiment d'insécurité, déplace sensiblement le centre de gravité de son discours vers la droite.

A plusieurs reprises, Chirac a affirmé refuser toute polémique avec tout candidat et tout spécialement avec Jospin, posture avantageuse mais peu désintéressée. Le président sortant préfère dialoguer en direct avec «les Français» qu'il assimile bizarrement au cénacle patronal et avignonnais qui a eu la primeur de sa déclaration. Cette hauteur de vue q