Menu
Libération
Interview

«Pour la première fois, le chef suprême va comparaître»

Article réservé aux abonnés
publié le 12 février 2002 à 22h13

Pierre Truche a participé à l'élaboration du Tribunal pénal international. Ancien premier président de la Cour de cassation, il a été l'avocat général qui a requis contre Klaus Barbie. Il préside aujourd'hui la Commission nationale de déontologie de la sécurité.

Ce procès qui s'ouvre à La Haye est-il un procès historique?

Sans aucun doute. Lors du procès de Nuremberg, les chefs nazis en vie les plus importants (à part Martin Borman en fuite) ont été condamnés, mais Hitler, lui, était mort. L'empereur Hiro-Hito n'a pas été poursuivi lors du procès de Tokyo contre les criminels de guerre japonais. Aujourd'hui, pour la première fois, c'est le chef suprême qui va comparaître et cela représente un réel tournant dans la lutte contre l'impunité. J'estime donc que le TPI a réussi. J'étais sceptique au départ, parce que c'est un tribunal ad hoc créé pour juger les crimes les plus graves commis dans l'ex-Yougoslavie depuis 1991 et appelé, à terme, à disparaître. Il ne peut pas, en outre, juger par contumace. Je pensais que les gens recherchés resteraient dans leur pays et il qu'il serait donc impossible de juger les accusés les plus importants. Je suis heureux d'avoir été démenti. Milosevic, un jour, n'a plus été protégé dans son propre pays. Et cela a un sens extraordinaire. Il y a eu une évolution dans les textes, dans l'opinion et dans le pays lui-même.

A Nuremberg, qu'en était-il de la notion de crime contre l'humanité?

Il y avait une grande confusion. Les juges du tribunal se demanda