L'ouverture du procès de Slobodan Milosevic constitue incontestablement un progrès de ce genre humain qui nous en réserve bien peu d'habitude: pour la première fois, un chef d'Etat hier encore en fonction va devoir répondre de ses crimes dans une enceinte judiciaire internationale présentant d'excellentes garanties d'objectivité, de sérénité et de transparence.
Il ne manquera cependant pas d'esprits chagrins pour minorer l'événement en parlant de «justice de vainqueurs», donc de justice à deux vitesses. L'argument est spécieux à double titre. D'abord, parce que le Tribunal pénal international a prouvé qu'il était capable de juger et de condamner éventuellement des protagonistes non serbes des guerres de l'ex-Yougoslavie. Ensuite, parce qu'il est pour le moins naïf, sinon malhonnête, d'exiger d'entrée de jeu la perfection de la part d'une justice internationale qui sort à peine des limbes. Mieux vaut plutôt se demander ce qui est préférable entre une absence de justice qui laissait tous les crimes impunis et une volonté de justice qui est en train de faire ses preuves, même si elle ne réussit pas à châtier tous les coupables. Or, comment, face à une telle alternative, ne choisirait-on pas la deuxième proposition, même s'il est exact que les Occidentaux n'ont pas hésité naguère à pactiser avec l'apôtre de la Grande Serbie, du temps où ils le jugeaient tout aussi criminel qu'incontournable?
On peut et on doit en revanche redouter que cette avancée du droit international ne fasse