Tout homme politique est spontanément enclin à enjoliver son bilan, fût-il des plus minces. Il fallait d'autant moins attendre de Jacques Chirac qu'il ait une mémoire à toute épreuve sur ses rendez-vous secrets de 1988 et ses états de service 1995-1997, alors même qu'il déclarait sa flamme aux Français. Tout à son émotion, il a réécrit l'histoire de la dissolution avec une ferveur européenne passée, alors, un peu inaperçue. Il lui était probablement difficile aussi de se rappeler que si l'ensemble des partis politiques avait bien sûr commis jadis des actes illicites pour se financer, ce n'est pas pour autant qu'ils n'avaient pas de comptes à rendre à la justice, particulièrement quand ils ont persisté malgré les lois de moralisation successives. Et que si des procédures continuent de poursuivre le RPR et ses «pompes à fric» franciliennes, ce n'est pas pour faire de la «peine» au président sortant, mais tout simplement que la justice, à la différence de ce qui a été fait pour d'autres partis, n'a pas été encore en mesure, en l'espèce, de mener son travail à son terme.
Pour sa quatrième candidature, Chirac a choisi un registre sentimental visant aussi bien à couvrir d'un voile romantique ses erreurs, ses fautes et ses échecs antérieurs, qu'à écarter les interrogations trop précises, notamment dans son propre camp, sur ses convictions profondes pour l'avenir. De fait, il avance dans sa campagne en ayant dépouillé de leurs idées maîtresses tous ses rivaux de droite et récupéré à