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Interview

«Le vrai problème de la gauche, ce sont les seniors»

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publié le 14 février 2002 à 22h14

Mariette Sineau, directrice de recherches au CNRS, auteur de Profession: femme politique, sexe et pouvoir sous la Ve République (Presse de Sciences-Po), analyse les raisons du succès de Jacques Chirac auprès de l'électorat féminin.

Les socialistes ont-ils raison de redouter un désamour de l'électorat féminin envers Lionel Jospin?

Certains sondages ont accordé, en décembre, jusqu'à dix points d'avance à Jacques Chirac chez les femmes. Il faut cependant prendre ces enquêtes, parfois contradictoires, avec prudence. D'ailleurs, contrairement à une idée reçue, en 1995, les deux candidats étaient au même niveau. Chez les femmes comme chez les hommes, Jacques Chirac avait recueilli à peu près 53 % des voix et Lionel Jospin environ 47 %. On ne peut donc pas en tirer la conclusion que survivrait un surchiraquisme féminin. Là où Lionel Jospin peut s'inquiéter, c'est que les femmes sont plus sensibles au mécontentement socio-économique qui touche les couches moyennes salariées. D'abord parce qu'elles sont majoritaires dans de nombreuses catégories. On a perçu leur malaise à travers une succession de mouvements sociaux: ceux des sages-femmes, des infirmières ou dans l'Education nationale. En outre, les femmes salariées sont toujours plus réactives aux inégalités... parce qu'elles en sont les premières victimes. Aux inégalités de classe s'ajoutent des inégalités de sexe. Elles sont les premières touchées par un temps partiel imposé, un niveau de salaire inférieur, ou un chômage plus import