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Libération
Éditorial

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publié le 16 février 2002 à 22h18

La guerre du franc n'a pas eu lieu. On se souvient que quelques hurluberlus, franquistes à tous crins, avaient fait le serment de bouder l'euro. L'indifférence les a vite engloutis. Chevènement et Pasqua salivaient d'aise en supputant un terrible trauma apatride. La révolte des porte-monnaie allait jouer en leur faveur. Grave erreur: ils ont vite appris à ravaler leur argumentaire antieuro pour ne pas paraître trop décollés de la réalité. La devise européenne a gagné son plébiscite de tous les jours.

Dans quelques décennies, «franc» ne désignera plus qu'une vertu souvent louée mais peu pratiquée (et il n'y a guère de raisons pour que ça change). On se souviendra vaguement que la monnaie française a aussi porté ce nom, sans doute en mélangeant un peu les époques, franc Poincaré et franc lourd, comme on parle aujourd'hui de sous ou de deniers sans bien savoir ce que cela désigne précisément.

Peut-être se souviendra-t-on mieux de la naissance de l'euro, moment symbolique d'une construction européenne qui se concrétise avec la lenteur que les glaciers mettent à glisser de leurs sommets. De fait, on a assisté au cours des trois mois écoulés à un véritable exploit de technologie sociale, à un exercice du pouvoir des sociétés européennes sur elles-mêmes qui témoigne d'un haut degré de maîtrise administrative. La «technocratie» n'est haïssable que si les administrateurs sortent de leur domaine, ou quand leur machine tombe en panne.

L'exercice complexe qu'a représenté le passage à l'eur