Il est sûr désormais que Jospin respectera le calendrier qu'il s'était fixé pour sa campagne électorale. Celle-ci ne commencera officiellement que dans une semaine au prétexte que les vacances parlementaires offriront alors au Premier ministre le loisir de penser à lui après avoir travaillé pour la République. Ce bel enrobage ne persuadera que les convaincus d'avance. En fait, en jouant la lenteur, Jospin aura surtout gagné de faire paraître la nervosité qui affecte le camp chiraquien.
En entrant le dernier en lice de façon si voyante, Jospin rehausse sans doute l'aura de sa candidature mais, implicitement, il prend aussi le pari d'être à la hauteur du suspense ainsi cultivé. Que cela lui plaise ou non, il a réuni toutes les conditions pour que le public attende de lui mieux qu'un Jospin ordinaire. Cela ne veut pas dire qu'il doive affecter une cordialité forcée, mais il lui faut se débrouiller pour faire vivre quelques idées simples et convaincantes. Ce ne sont pas les sujets qui manquent le sentiment d'insécurité, l'inadéquation du système scolaire, le financement des retraites, la permanence d'un stock important d'exclus malgré la reprise économique et aussi les remèdes qu'appelle le fléchissement de celle-ci (ceux de Fabius ou ceux d'Emmanuelli?). L'opinion moyenne des socialistes sur tous ces points est à peu près connue, du moins quand elle n'est pas diluée dans un flou peu artistique. Mais le rôle d'un candidat, c'est de simplifier et d'accentuer, donc de trancher da