Un deuxième septennat pour quoi faire? En 1988, Lionel Jospin avait ainsi interpellé François Mitterrand, le début d'un inventaire poursuivi jusqu'en 1997. Quatorze ans plus tard, la question devient donc: un deuxième quinquennat Jospin, pour quoi faire? Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, le Premier ministre, hier, à peine sorti de cinq années d'Assemblée nationale, a choisi de se poser la question à lui-même en se déclarant candidat par le biais d'une lettre à tous les Français. Par ce clin d'oeil à sa filiation mitterrandienne, il espère se démarquer de Jacques Chirac qui, la semaine dernière, avait répondu la «passion» à la question du pourquoi. Mais la passion de quoi, sinon du pouvoir. Jospin n'a pas voulu tomber dans ce narcissisme même s'il n'échappe pas lui aussi au registre affectif («on dit parfois que le pouvoir éloigne; j'ai pour ma part le sentiment qu'il m'a rapproché de vous»). Mais passée cette revendication de proximité, laquelle joue un rôle important dans une élection présidentielle, Jospin se veut rationnel là où Chirac la joue obsessionnel, pratique là où Chirac parie sur l'émotif. Parce que l'émotion n'est pas son terrain de prédilection. Parce que surtout sa conception de la présidence ne relève pas du terrain de l'affect mais de celui du concret: Jospin, en résumé, se prétend utile là où il montre Chirac versatile.
Antimodèle. En tant que Premier ministre, il avait un antimodèle auquel il s'est toujours référé. Dans les moments de dout