Washington
de notre correspondant
Assis dans une cage entourée de cocotiers, sous une pancarte «Guantanamo country club», cinq barbus hurlent contre le majordome stylé qui prend respectueusement leurs commandes. «Y'a un cheveu dans mon foie gras!» aboie l'un. «Ce pigeonneau n'est pas cuit, cochon d'infidèle!» hurle l'autre. «Et apporte du vin décent, ordure impie... ou on te tuera» beuglent les autres. Dans le fond du décor, une grosse infirmière de la Croix-Rouge déboule: «Eh, une minute, n'êtes-vous pas en train de maltraiter ces pauvres garçons?»
Ce dessin n'est pas issu d'un brûlot d'extrême droite: il est signé par l'un des plus célèbres caricaturistes américains, Pat Oliphant, prix Pulitzer 1967, considéré comme progressiste, et il a été publié la semaine dernière dans l'hebdomadaire US News and World Report. Il traduit bien l'étonnement des Américains devant la polémique venue d'Europe. Depuis l'affaire des «photos» montrant les prisonniers aveuglés, menottés et à genoux devant leurs cages, le sort des 300 prisonniers de Guantanamo Bay ne fait plus les gros titres des médias américains. Et les quelques militants des droits de l'homme qui osent protester contre le trou noir juridique du camp X-Ray sont facilement accusés d'être des adversaires de l'Amérique, parfois sous la plume d'éminents juristes conservateurs.
Recours. En Californie jeudi, un juge fédéral a débouté l'association Coalition of Clergy Lawyers and Professors, qui avait déposé une habeas corpus petition, c'