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Libération

Des cages et des chaînes pour les détenus d'Afghanistan

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Dans l'enclave américaine de Cuba, 300 talibans et membres d'Al-Qaeda sont incarcérés avec une rigueur extrême.
publié le 26 février 2002 à 22h23

Guantanamo Bay envoyé spécial

Ordre a été donné de supprimer la nuit. Avec l'obscurité viennent les lumières sur Camp X Ray. Peu avant 18 heures, les projecteurs s'allument, comme autant de spots braqués directement sur les prisonniers, sous les regards inquisiteurs des miradors. Le sommeil des talibans se fera sous un halo phosphorescent. «C'est quelque chose que l'on a décidé depuis le début, dit sans ciller le capitaine Joseph Kloppell, comme ça ils ne peuvent pas préparer de mauvais coups dans leur coin.» La question sur l'impact psychologique d'une telle mesure semble incongrue. «Pour dormir? J'imagine qu'ils se cachent les yeux, ou se mettent sous leurs couvertures»...

Ainsi donc se déroulent les nuits et les jours à Guantanamo Bay pour des prisonniers de guerre que l'armée américaine refuse de considérer comme tels, et dont les conditions de détention restent choquantes pour n'importe quel observateur. Il n'y a pas de pancartes à Camp X Ray. Juste une barrière jaune barrée de trois «Danger» en lettres rouges, qui interdit le passage à quiconque veut s'approcher à moins de cent mètres. Planté au milieu de nulle part à l'est de Guantanamo Bay, la base américaine de Cuba, l'endroit pourrait faire penser à un vaste terrain de sports. S'il n'était encombré de 320 cellules grillagées de deux mètres sur deux, et surmonté d'une multitude de miradors où perchent des hommes en armes. Véritable poulailler humain où s'entassent talibans et membres présumés d'Al-Qaeda, certains depu