Menu
Libération
Éditorial

Animal blessé

Article réservé aux abonnés
publié le 6 mars 2002 à 22h30

Mauvaise passe ou fatale attraction vers une sortie de l'Histoire? A bientôt six semaines du premier tour, le cas Chirac interpelle la faculté. A quel adage s'en remettre à son propos: à celui qui veut qu'un candidat à la présidentielle décroché début mars ne revient jamais en course ou à celui qui professe que Chirac est toujours revenu de tout et même du pire? On sait l'animal, vraie bête de campagne. Mais le problème, cette fois, c'est que la bête n'est pas au rendez-vous, alors qu'elle est en campagne depuis déjà quatre semaines. «Bonne humeur et détermination», a lancé hier Chirac à ses troupes. Ce qui traduit de la langue de bois signifie qu'il y a un sacré flottement dans le camp chiraquien. Il est vrai qu'on a rarement vu président partir aussi dépourvu à la conquête d'un nouveau sacre: bilan léger, crédibilité faible, alliés groupusculaires, probité discutée, «connaissances» discutables, comme Didier Schuller. Le Président pensait que cela ne se verrait pas. Mais on ne voit que ça, chaque fois qu'il sort de l'Elysée. D'autant qu'il en rajoute: promettre l'«impunité zéro» quand soi-même on échappe au droit commun ou une baisse d'impôts quand Juppé les a augmentés, c'est une aubaine pour caricaturistes et accessoirement pour le socialiste en lice. Ce n'est pas un hasard si, de cette première partie de campagne, émerge surtout le surnom donné à Chirac par des Guignols ressuscités: «Supermenteur». La caricature ne justifie ni les invectives («Chirac, voleur!») ni les cr