L'an dernier, le RPR a compris que «la» famille était un concept dépassé, qu'il convenait désormais de dire «les» familles. Comme à gauche. Les chiraquiens ont également senti qu'il valait mieux abandonner l'idée du «salaire maternel», puisque, de toute évidence, les jeunes Françaises n'entendent pas retourner derrière leur fourneau quand elles font des enfants. Alors, aujourd'hui, on préfère parler d'«allocation de libre choix», on propose, comme chez Jospin, de «concilier vie professionnelle et vie familiale», on essaie de s'adapter en citant Françoise Dolto (1).
La nouvelle jeune garde chiraquienne, celle qui arborait les T-shirts «Pacs out», travaillait avec Christine Boutin dans le groupe «Oser la famille» lors des débats sur le Pacs, a été priée de ranger ses rosaires. A l'époque, on envoyait Bernadette Chirac en première ligne pour défendre la tradition et fustiger «le militantisme homophile». Maintenant, c'est Roselyne Bachelot-Narquin, féministe, homophile notoire et divorcée, qui parle pour le Président.
«Se ringardiser.» Mais on ne change pas comme ça une équipe pétrie de convictions: il y a quinze jours, à l'issue du débat parlementaire sur l'autorité parentale, un député RPR expliquait en aparté qu'un élu se devait de montrer l'exemple et que, «s'il était amené à divorcer, il ne devait pas en faire état devant ses électeurs».
Le succès du Pacs auprès de l'opinion a redistribué les cartes politiques de la famille. La droite s'est retrouvée tétanisée sur son terrain