Deux gros rapports et à peine 3 milliards d'euros dans la tirelire du fonds de réserve: c'est tout ce que Lionel Jospin a fait en cinq ans pour réformer les régimes de retraite. C'est peu. Et il le sait. Dimanche encore, sur TF1, il a admis que si, avec son gouvernement, «le dossier des retraites a été abordé», il «n'a pas été traité au fond». «Ce n'était pas un engagement que j'avais pris», s'est-il défendu, comme à chaque fois qu'il aborde le sujet. Mais il sait que s'il est élu président de la République, cette fois, il n'y coupera pas: «C'est une urgence, ce sera le premier grand dossier social et de société de la prochaine législature ou de la prochaine mandature.»
Dossier brûlant. Les retraites, c'est la patate chaude de la politique française. On se la refile de gouvernement à gouvernement. Avec, chaque fois, l'excuse que le précédent aurait rendu le dossier trop brûlant pour pouvoir y toucher. «Il y a de quoi faire tomber cinq ou six gouvernements dans les prochaines années», prédisait Michel Rocard en 1991, avant de s'atteler à la rédaction d'un «livre blanc» sur la question. Balladur a perdu en partie sur ce sujet le premier tour de la présidentielle de 1995, et la dissolution de 1997, qui a signé la fin du gouvernement Juppé, en est la conséquence directe. Le premier avait engagé, en 1993, le passage de la durée de cotisation des salariés du privé de 150 trimestres (37 ans et demi) à 160 (40 ans). Le second avait mis des centaines de milliers de personnes dans la r