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Libération
Éditorial

Fracture temporelle

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publié le 11 mars 2002 à 22h33

Le temps, c'est plus que de l'argent. Et parce que du temps de travail en moins, c'est du temps choisi en plus, les 35 heures resteront comme une réforme essentielle du quinquennat Jospin. De celles qui dégagent les horizons, obligent à repenser la société, à bouger l'organisation du temps social, à redéfinir la valeur travail et la finalité d'une vie. Ce mouvement n'est pas nouveau depuis l'instauration des congés payés. Mais la réduction massive de la durée du temps de travail de 1997 l'a accéléré de façon spectaculaire. Une réduction quantitative pour un saut qualitatif dont on n'a pas fini de mesurer les effets. Les bons et les mauvais, car les deux coexistent. La question pour le prochain locataire de l'Elysée n'est pas de revenir ou non sur les 35 heures ­ personne ne fait l'erreur de proposer le retour au statu quo ante ­ mais bien de faire en sorte qu'aux inégalités sociales ne vienne pas s'ajouter une fracture temporelle. La fracture aujourd'hui voit trois France cohabiter : celle, aisée, des cadres moyens ou supérieurs, qui ne trouve qu'avantages aux 35 heures, celle, plutôt ouvrière, pour qui cela signifie surtout davantage de flexibilité, et celle qui échappe au mouvement général et réclame des compensations.

Trois France dans un seul pays, c'est trop. Le prochain quinquennat doit s'employer à les réunir. Au plus près des réalités du terrain de chacun, sans le dogmatisme de l'uniformité mais sans renoncement au prétexte de la diversité. De ce point de vue, les slo