Gaza envoyé spécial
Au milieu des gravats, une photo détrempée. Autres temps, autres moeurs. Sur le cliché, tout sourire, le président américain Bill Clinton devise avec son homologue palestinien. Yasser Arafat affiche une mine ravie. Sur le mur, dans son dos, un immense agrandissement en couleur du dôme d'or et de la mosquée Al-Aqsa. Le cadre est toujours là, miraculeusement épargné, seul objet reconnaissable dans ce qui fut le bureau du raïs. Plafond éventré, cloisons effondrées, boiseries carbonisées, fenêtres pulvérisées, rien ne reste du cabinet présidentiel par lequel sont passés tant de grands de ce monde. Pendant quarante minutes, en pleine nuit, entre samedi et dimanche, hélicoptères, chasseurs et navires de combat israéliens ont lâché un déluge de missiles sur «le palais» d'Al-Mountada. Sans faire la moindre victime. Et pourtant, il était difficile pour les stratèges de Tsahal de trouver une cible à plus forte charge émotionnelle.
Symbole. En s'installant dans cette ancienne Maison de la jeunesse et de la culture, lors de son retour à Gaza en 1994, après la signature des accords de paix d'Oslo, le vieux dirigeant nationaliste avait offert à son peuple un symbole. Le petit immeuble de crépi blanc ne payait guère de mine, mais il représentait le désir le plus cher aux coeurs palestiniens, la promesse d'un Etat.
Israël ne fait d'ailleurs pas mystère de sa stratégie. Le choix de bombarder «le palais» d'Al-Mountada quelques heures après qu'un jeune militant islamiste se fu