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Libération
Éditorial

Joutes

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publié le 12 mars 2002 à 22h33

Si le vieillissement était une cause d'empêchement dans la course présidentielle, François Mitterrand n'aurait pas été élu en 1981, ni réélu en 1988 face à son cadet Chirac qui, déjà, voulait le pousser de l'Elysée à l'hospice. Au moins pour cela, Lionel Jospin aurait mieux fait de se taire sur l'âge du capitaine.

Reste qu'il n'y a quand même pas mort d'homme. Mais si un mot malheureux peut faire autant de bruit c'est peut-être d'abord que cinq ans de cohabitation avec ses hypocrisies doucereuses nous ont déshabitués des rugueuses joutes verbales de la politique et aussi que le candidat Chirac ne trouvant pas son rythme de campagne, attend surtout de l'adversaire le faux pas qui pourra lui permettre de réagir en contre. Et de retrouver du tonus dans l'adversité, le temps d'une interview sur France 2.

Mais c'est un handicap tenace pour le président sortant que tout ce qu'il avance souffre d'un déficit de crédibilité. Moins pour les mesures en elles-mêmes que pour le souvenir de l'itinéraire sinusoïdal de celui qui prétend être le garant futur de leur application. C'est ainsi un paradoxe d'avoir à valoriser le fugitif bilan d'Alain Juppé entre 1995 et 1997, en noircissant à l'excès celui du prédécesseur à Matignon, Edouard Balladur, entre 1993 et 1995, dont les principaux ministres étaient pourtant les hiérarques du RPR. C'est un peu curieux aussi de l'entendre se rallier à une réforme du statut pénal du chef de l'Etat en annonçant une commission de juristes qui devrait lui fair