Il existe un moyen simple d'évaluer la pénétration de l'antisémitisme au sein d'une société. Deux outils basiques, deux questions d'accès immédiat qui permettent aux instituts de sondage de mesurer l'évolution de cette opinion délictueuse. La première concerne la fameuse «influence des juifs», leur prépondérance supposée dans la société française. Invariablement, la réponse à cette interrogation traduit le taux de présence des préjugés traditionnels. La deuxième question est plus directe, car c'est au coeur et à la raison du sondé qu'elle s'adresse: «Pourriez-vous vivre avec un juif ou avec une juive?» Prié de réagir à la perception d'un éventuel mythe du pouvoir, puis à l'appréciation d'un engagement individuel, il y a fort peu de chance que l'antisémite même inconscient échappe à ce tamis.
Finance, médias et politique. Du 28 janvier au 1er février, commandé par l'Union des étudiants juifs de France pour nourrir son «Livre blanc des violences antisémites en France», 400 Français de 15 à 24 ans ont été interrogés par la Sofres. Propos général? «L'image des juifs auprès des jeunes», mais aussi «la perception des actes antisémites» et «les jeunes et la Shoah». Soumis aux deux questions préalables, ils estiment à 77 % que les juifs n'ont pas «trop d'influence en France» dans le domaine économique et financier. Appréciation supérieure, même, dans les médias et le monde politique. Rejet d'un pouvoir occulte supposé des juifs chez les 15-24 ans donc, même si 22 % d'entre eux pe