Barcelone, envoyé spécial.
Le psychodrame est programmé: la France va jouer «Seule au monde». Seule à s'opposer à la «libéralisation sauvage» du marché de l'électricité et du gaz. Seule à défendre le service public. Bref, seule à défendre une certaine idée du «modèle social européen». Mais il ne faut pas s'y laisser prendre: au final, elle acceptera l'ouverture à la concurrence, non seulement pour les entreprises mais aussi, même si c'est plus tard, pour les consommateurs. Comme toujours. Car la scène qui va se jouer à Barcelone n'est qu'une réédition d'une pièce usée jusqu'à la corde. A chaque fois que l'Europe a proposé de libéraliser, c'est-à-dire d'ouvrir à la concurrence, Paris a hurlé à la mort avant d'accepter ce qu'elle prétendait refuser la veille (télécoms, aérien, routier, poste ou rail, par exemple).
Montré du doigt. Comment s'étonner, dès lors, que la France véhicule à l'extérieur de ses frontières l'image d'un pays «ringard», attaché à ses monopoles publics et à ses fonctionnaires, accroché à ses avantages acquis et à son marché du travail rigide, réticent à affronter la concurrence. Sur chaque dossier, Paris est montré du doigt par ses partenaires qui y trouvent un commode bouc émissaire à leur retard de compétitivité. Pourtant, et c'est là tout le paradoxe français, cette image est loin de refléter la réalité. En vingt ans, la France s'est profondément transformée en abandonnant son économie «mixte» de marché, dans laquelle l'Etat se comportait