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Libération
Éditorial

Mickey à temps plein

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publié le 16 mars 2002 à 22h37

C'est une devinette que Martine Aubry n'aimera certainement pas: quel rapport existe-t-il entre la semaine des 35 heures et Mickey? Réponse: l'argent, puisque les 35 heures enrichissent encore un peu plus le royaume Disney! Que l'ancienne ministre de l'Emploi ne voie surtout pas malice dans l'anecdote: cette réponse ne nous appartient pas. Elle émane en effet du PDG de Disneyland Paris qui compte beaucoup sur les effets de la RTT pour amortir plus rapidement son nouveau parc thématique, porter de 12 à 17 millions le nombre annuel d'adorateurs de Mickey France et augmenter d'au moins 24 heures la durée moyenne du séjour à Marne-la-Vallée. Car Mickey, comme dans les parcs de Floride ou de Californie, doit désormais marner à plein temps, le jour bien sûr, mais aussi la nuit pendant laquelle il ne demande pas mieux que de veiller sur le repos des visiteurs. C'est ce que ses employeurs appellent la stratégie du cluster. Nous parlerons plus volontiers de la méthode d'immersion dans un monde artificiel de loisirs programmés pour satisfaire le maximum de familles, du plus jeune rejeton à la grand-mère de bonne volonté, et pour leur soutirer le maximum d'euros. On comprendra, dans ces conditions, qu'un séjour d'une journée ne suffise pas au changement d'univers. La coupure avec le monde réel, le conditionnement au bonheur sur commande exigent un stage bien plus prolongé dans cet univers décrété paradisiaque. Il y faut donc la durée, le jour, la nuit, les déguisements de ceux qui font