Le virus du terrorisme est-il en train de se réveiller en Italie ? Il existe plusieurs raisons de le craindre, même si l'on n'a aucune certitude. Plusieurs de ces indices sont des attentats récents (notamment à Venise), mais deux autres sont des assassinats : celui de Marco Biagi, mardi, et celui de Massimo D'Antona, en mai 1999. Comme par hasard, les deux hommes étaient conseillers du gouvernement pour les questions sociales. Seule différence entre deux crimes commis selon le même scénario, Biagi travaillait pour un gouvernement de droite, mais D'Antona a été tué alors que la gauche était au pouvoir.
Les similitudes entre les deux crimes mais aussi entre les activités des deux victimes constituent un indice supplémentaire en direction de la piste du terrorisme d'extrême gauche. Comme D'Antona il y a trois ans, Biagi oeuvrait hier pour imposer la réforme de certaines lois sociales à des syndicats résolument hostiles. De là l'idée qu'une ou deux poignées de laissés-pour- compte de la révolution et de nostalgiques des « années de plomb » ont pu voir dans ce climat social extrêmement tendu l'occasion de faire basculer une mythique classe ouvrière dans la violence insurrectionnelle... C'est en tout cas l'avis de plusieurs bons connaisseurs de ce monde d'apprentis sorciers, extrême et souterrain, bien plus souvent manipulé que manipulateur, et que l'on qualifiait naguère par l'euphémisme déplacé d'« opposition extraparlementaire ».
Si telle est bien la stratégie en action, elle