Qu'importe au fond que Le Pen fasse ou non de l'esbroufe. Qu'importe qu'il ait au final ses 500 signatures ou pas. Lui manqueraient-elles, ce serait un séisme. Les aurait-il, ce serait trop tard pour dissimuler que le système de parrainage a failli. Prévu à l'origine pour empêcher les candidatures farfelues qualificatif flou s'il en est , voilà que la règle du jeu menace non seulement celle du héraut d'extrême droite, mais aussi celle de Mamère, de Madelin, etc. Au nom de quoi priver ceux-là de compétition, alors qu'ils représentent chacun quelques millions d'électeurs? S'il fallait interdire Le Pen de présidentielle au prétexte qu'il est détestable et avec lui les 10 % d'électeurs français qui cautionnent sa xénophobie et son racisme, il n'est pas sûr que le bon moyen soit celui-là et il eût été bon d'en débattre au grand jour. Pareil pour les autres. Pour obtenir les paraphes nécessaires, le candidat Vert risque d'être obligé d'aller quémander quelques signatures aux socialistes. Ceux-ci ont déjà fait des offres de service, trop heureux de pouvoir ainsi ligoter les mains de leur allié. Si Le Pen n'a pas ses parrainages, il est certain que les élus chiraquiens y seront pour quelque chose. Est-il logique que la candidature de tel ou tel dépende du bon vouloir du concurrent, fût-il parfois un ami? Il y a bien quelque chose de pourri au royaume du parrainage. Car il ne s'agit de rien d'autre que d'une sorte de suffrage censitaire: les élus, donc les partis, décident de qui
Éditorial
Faillite d'un système
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publié le 23 mars 2002 à 22h41
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