A qui profiterait l'absence de Jean-Marie Le Pen, dans l'hypothèse où le candidat du Front national ne parviendrait pas à recueillir les 500 signatures? L'Institut Ipsos s'est penché sur la question les 8 et 9 mars (1), en demandant aux électeurs potentiels de Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret ce qu'ils feraient si leur candidat n'était pas en lice. Leurs 9,5 % de voix (8 % pour Le Pen, 1,5 % pour Mégret) se seraient alors réparties de la manière suivante: 3 points supplémentaires pour Chirac, 1,5 pour Pasqua et pour Chevènement, 1 pour Jospin et Saint-Josse, 0,5 pour Laguiller, Hue et Bayrou. Au total, cela donnerait un gain de 5 points pour la droite classique (Chirac, Pasqua et Bayrou), 2 points pour la gauche et l'extrême gauche (Jospin, Hue, Laguiller) et 2,5 points pour les inclassables que sont chacun à sa manière Chevènement et Saint-Josse.
Dynamique. Ce déplacement de voix est comparable aux transferts de voix observés par les sondeurs entre les deux tours quand Le Pen et Mégret sont candidats. La Sofres, par exemple, dans son dernier sondage pour le Nouvel Observateur (2), estime que 47 % des 10 % de voix recueillies par Le Pen au premier tour iraient à Chirac, 17 % à Jospin et 36 % vers l'abstention.
Contrairement à 1995, Chirac n'est pas menacé au premier tour. Augmenté de 3 points par une absence de Le Pen, son score le 21 avril n'a d'intérêt pour lui que si cela peut créer le 5 mai une dynamique plus avantageuse que le report attendu de l'extrême droite en cas de