Menu
Libération
Interview

Nouveaux temps, nouvelles moeurs. L'interview: François de Singly, chercheur au CNRS: «La famille ne déclenche plus de guerre».

Article réservé aux abonnés
Pacs, retour du mariage, rôles du père et de la mère: les débats se sont apaisés.
publié le 25 mars 2002 à 22h41

François de Singly, sociologue de la famille, est professeur à la faculté des sciences sociales de la Sorbonne, directeur du centre de recherche sur les liens sociaux (CNRS) et auteur de Libres ensemble (Nathan, 2000).

Reprise de la natalité et des mariages au côté d'un Pacs bien accepté. Vivons-nous dans un pays apaisé ?

Chez les gens ordinaires, la famille ne déclenche pas ­ plus ? ­ de guerre. Le Pacs s'est installé car en France on considère qu'un arrangement entre deux adultes consentants ne pose pas de problème. Le Pacs a donné une nouvelle valeur au mariage, il en a fait une démarche plus libre, volontaire, moins conformiste : l'essentiel pour les intéressés est d'être convaincus qu'ils ne sont pas contraints par la pression sociale ou familiale. Toute la complexité des transformations de la vie privée est là : on revendique plus de vie privée et une plus grande reconnaissance de ces vies privées.

Mariage et fidélité sont plébiscités. Pourtant, le terrain des pratiques sexuelles s'est élargi. N'y a-t-il pas une contradiction ?

La modernité est contradictoire, et la France est moderne. La fidélité n'est plus une question morale, elle est la marque d'une reconnaissance personnelle par un proche qui passe d'abord par l'exclusivité, dans un modèle toujours dominant : la vie en couple. L'infidélité se pratique de façon secrète ; elle ne doit pas blesser l'autre, elle est la signature de la liberté personnelle que l'on rêve de concilier avec la vie commune. Pourtant, les mêmes