Avant de s'envoler vers l'espace, le projet européen Galileo a bien failli sombrer dans l'abîme. En décembre, la commissaire européenne aux Transports, Loyola de Palacio, a lancé un véritable SOS, Galileo étant «sur le point d'être enterré à cause de la pression des Américains». C'est en effet peu dire que ce projet n'avait pas l'heur de plaire à Washington : l'administration américaine a fait tout ce qu'il était en son pouvoir pour le faire capoter. Le 7 mars encore, le département d'Etat continuait à mettre publiquement en cause son utilité... Les pays les plus traditionnellement atlantistes Royaume-Uni, Pays-Bas freinaient des quatre fers, et c'est finalement le ralliement de Schröder avant le sommet de Barcelone qui a sauvé in extremis Galileo.
Très largement surclassés (et peut-être définitivement largués) dans le domaine militaire, les Européens jouaient leur avenir à quitte ou double, dans un autre domaine technique crucial, au croisement du spatial et des télécommunications. Galileo est le complément logique du récent satellite d'observation Envisat. Comme lui, il sert l'autoaffirmation européenne qui n'a pas besoin d'antiaméricanisme pour se justifier. Au demeurant, une compatibilité, voire une collaboration des systèmes américain et européen de navigation, constitue la solution la plus raisonnable, potentiellement bénéficiaire pour les deux parties. L'euphorie ne doit pas trop monter dans les têtes européennes : les premiers satellites du système Galileo seront