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Libération

«Crever en me sentant libre»

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publié le 29 mars 2002 à 22h44

Outre un courrier à une amie de l'Hérault, posté la veille de l'attaque, Richard Durn a laissé des écrits que les policiers ont retrouvés chez lui. Une lettre à sa mère Stefanina, datée du 26 mars, jour des faits, mais aussi un texte de 22 pages. Pas un testament, plutôt une «logorrhée dépressive» selon un enquêteur, une sorte de journal de bord entre confusion mentale et projets morbides.

Extraits de ses confessions : «Je n'ai plus rien. J'en ai marre d'avoir dans la tête toujours la même phrase qui revient perpétuellement, "je n'ai pas vécu, je n'ai rien vécu à 30 ans, je n'existe plus pour personne". Je suis oublié de tous car je n'ai pas de projet dans ma vie et parce que j'ai peur d'affronter la vie et de m'y plonger [...] Comment suis-je arrivé à cette situation de dénuement et d'abruti ? Je n'ai jamais su me battre et apprendre à m'aimer un peu. Je tends toujours des perches et des bâtons pour me faire flageller par les autres. Je me mets toujours moi-même des freins. J'en ai marre d'être dépressif et d'être le mec qui fait pitié, dans le meilleur des cas. [...] Je suis fou. Je suis devenu un clochard. Depuis des mois, les idées de carnage et de mort sont dans ma tête. Même si on me maudit et si on me prend pour un monstre, je ne me sentirai plus floué et humilié. Ma mère ne peut rien pour nous et nous nous détruisons mutuellement.»

Dernière lettre à sa mère : «26 mars. Nanterre. Maman, il y a longtemps que je devrai être mort. Je ne sais rien faire dans la vie, même pa