Le dysfonctionnement est-il devenu une nouvelle exception française ? Question inévitable après la tuerie de Nanterre et le suicide de son auteur. A tous les stades de cette tragédie, même dans ses prémisses, on invoque «la faute à dysfonctionnement». L'obtention en 1997 d'un permis de détention d'armes par un homme soigné pour troubles psychiatriques avec deux tentatives de suicide à son actif, en 1990 et 1992 ? Dysfonctionnement. Le classement sans suite par la police de l'incident au cours duquel il menace sa psychiatre, en 1998, d'une de ses armes ? Encore dysfonctionnement. La non-récupération des trois armes de guerre détenues illégalement par le futur criminel à partir de 2000 (il n'a pas fait renouveler son autorisation) ? Toujours dysfonctionnement. La défenestration de Durn au coeur même de l'institution policière ? Ultime dysfonctionnement ?
Le terme est bien pratique. Trop pratique, tant il mélange les genres. Comment, en effet, parler de dysfonctionnement pour expliquer l'obtention d'armes de guerre par Durn ? Mieux vaut s'interroger sur le fonctionnement du système en vigueur, se demander pourquoi les clubs de tir sportif, qui dépendent du ministère de la Jeunesse et des Sports, sont autorisés à entraîner leurs adhérents aux armes de guerre. Pourquoi il permet aux amateurs de stocker chez eux des armes qu'il vaudrait mieux conserver en lieu sûr, au club. Pourquoi la détention d'armes dangereuses n'est conditionnée que par un casier judiciaire vierge et un certif