Brigade criminelle. 36, quai des Orfèvres, Paris. 9 h 30. Richard Durn, 33 ans, vient de remonter avec ses gardiens les trois étages de l'escalier monumental qui mène à l'enseigne lumineuse bleue de la «crim'». Au quatrième étage, sur la droite, une mezzanine et des filets tendus au-dessus du vide. Depuis qu'en 1984, Nathalie Ménigon d'Action directe a été rattrapée in extremis alors qu'elle enjambait la rambarde. Sur la gauche, un couloir étroit, au linoléum noir.
On conduit Richard Durn dans le bureau 414 du groupe V. Au fond, sous le toit en soupente, deux tables de travail, une photo des Tontons flingueurs, un dessin de Corto Maltese, la une de l'Equipe sur la victoire des Bleus en 1998. Au milieu, à 1,60 mètre du sol, un vasistas clos mais non crocheté. Contre le mur de droite, la table du lieutenant Philippe D., qui a «le feeling» avec Richard Durn, qui a su le «mettre en confiance» et «le faire parler», selon un commissaire. On lui ôte les menottes. Une chaise lui est proposée face au policier blond, un café. Porte d'entrée verrouillée. On évite aussi le face-à-face «un contre un» entre le gardé à vue et «l'interrogateur», une habitude à la crim'. Un troisième homme reste «pour surveiller» : le brigadier Patrick M. Vissé à sa machine. Philippe D. attaque la troisième audition de Richard Durn, sur ses lettres (lire ci-contre). La veille, au bout de deux interrogatoires «chaotiques» et «décousus», il a fini par expliquer ce besoin de «maîtriser» pour une fois quelque ch