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Interview

L'interview: Bastien François, professeur à Paris-I: «La monarchie présidentielle est blessée à mort»

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Le système politique est en crise car il n'a pas suivi l'évolution de la société.
publié le 1er avril 2002 à 22h53

Bastien François est professeur de science politique à la Sorbonne (université Paris-I). Il est l'auteur de Misère de la Ve République (1).

Nous sommes à vingt jours du premier tour. Que révèle cette campagne de l'état de la Ve République ?

Je la trouve symptomatique d'une crise de la fonction présidentielle érigée comme l'alpha et l'oméga de la Ve République. Il est frappant de constater que les deux supposés candidats du second tour ne recueillent chacun, dans les enquêtes d'opinion, que 20 % des suffrages. Si on ajoute à cela les chiffres attendus de l'abstention, l'élu final ne sera donc pas représentatif de grand-chose. La monarchie présidentielle est blessée à mort, avec la complicité quotidienne de tous les commentateurs de sondages. Nous assistons à une mort médiatique, une implosion silencieuse et lente du régime. Une crise qui se paye cher : le dégoût, l'abstention, le rejet de la politique.

Cette «implosion du régime» n'est-elle pas de la responsabilité des électeurs ? Après tout, ils montrent de plus en plus de distance avec la politique.

C'est vrai. De scrutin en scrutin, on constate une baisse tendancielle de la participation. Elle me paraît acquise pour la prochaine présidentielle. Je crois qu'elle signifie que les gens n'ont plus envie de jouer à ce jeu, de croire béatement à l'avenir radieux que leur prépare le «grand chef» élu au suffrage universel. Les ficelles de la société du spectacle politique sont devenues aujourd'hui trop grosses.

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