Chiffrée, analysée, au centre de toutes les polémiques, la petite délinquance et les moyens de la combattre ont pris la tête du hit-parade des thèmes de campagne. Mais quel électeur a pu entendre responsables politiques et candidats prendre position sur la «grande» délinquance financière, hormis lorsque le chef de l'Etat est interrogé à la télévision sur ses propres démêlés ? Quel est le diagnostic, en France, de cette criminalité en col blanc qui constitue parfois la véritable arrière-scène (argent sale, drogue, armes...) de la délinquance ordinaire ? Le sixième rapport de la mission parlementaire sur la lutte contre le blanchiment en Europe, que Libération dévoile (1), permet de cerner les carences de la France.
Trous noirs. La mission, présidée par le député Vincent Peillon également porte-parole du PS , et dont Arnaud Montebourg (PS) est rapporteur, a déjà épinglé le Liechtenstein, Monaco, la Suisse, la Grande-Bretagne et le Luxembourg. Quitte à provoquer de mini-incidents diplomatiques. Elle n'hésite pas aujourd'hui à balayer devant notre porte. La France, dotée d'instruments juridiques corrects, de moyens humains compétents, quoi que trop peu nombreux, apparaît pourtant comme un élève moyen, voire médiocre à certains endroits (lire ci-dessous le cas particulier du Sud-Est), assez accueillant pour des investisseurs souhaitant «nettoyer» de l'argent obtenu par le crime dans des activités légales. Au fil des 250 pages du document et 900 d'auditions , on retrouve de n